La défaite en amical contre le Burkina Faso (0-3) a laissé des traces chez les Guépards. Mais au-delà du résultat, ce sont les déclarations de Gernot Rohr qui font polémique.
Interrogé sur la non-utilisation de Jordan Lawson et d’Adam Akimey, le sélectionneur a livré une analyse publique qui passe très mal : « C’était pas un match pour eux. Lawson est un peu jeune… Il sera plutôt fait pour les U20. Akimey, on l’a vu à l’entraînement. Il y a encore du travail. Je ne vois pas encore la qualité qu’il peut nous apporter », a-t-il déclaré. Une sortie sèche, frontale, qui relance une question récurrente : pourquoi Gernot Rohr expose-t-il aussi facilement ses joueurs ?
Une communication qui démolit plus qu’elle ne construit
Dans un contexte déjà tendu, le sélectionneur a une nouvelle fois choisi la voie la plus risquée : critiquer publiquement de jeunes joueurs. Lawson, 18 ans, et Akimey, 21 ans, n’ont même pas eu l’occasion d’entrer en jeu. Pourtant, au lieu de les encourager, Rohr les renvoie au rang de joueurs « pas prêts », voire inutiles pour l’instant. Ces propos, qui auraient pu rester dans le cadre interne du staff technique, tombent comme un couperet. Non seulement ils exposent inutilement les intéressés, mais ils envoient également un message dévastateur : chez Rohr, l’erreur, ou même l’inexpérience, ne pardonne pas. Pour un groupe jeune, encore en construction, cette communication peut miner la motivation et réduire la marge de progression des talents locaux.
Des précédents nombreux et inquiétants
Ce n’est pas un accident isolé : Gernot Rohr a déjà habitué le public béninois à des prises de parole abrutes. Rodrigue Fassinou, livré sans filtre, avait été qualifié de joueur « pas bon » lors d’une sortie qui avait choqué autant les supporters que les observateurs. Désiré Azankpo, parmi d’autres, a lui aussi été victime de ce discours dévalorisant, souvent en contradiction avec les principes modernes de management sportif. D’autres joueurs, selon plusieurs sources, souffrent silencieusement de cette habitude de « pointer du doigt » publiquement plutôt que de conseiller en interne. À force d’accumuler ces maladresses, Rohr sape lui-même l’un des fondements d’un vestiaire performant : la confiance.
Un sélectionneur censé protéger ses joueurs
Le rôle d’un sélectionneur national va bien au-delà du choix des titulaires. Il doit être un guide, un protecteur, un manager humain capable d’élever son groupe. Mais chez Rohr, la communication semble s’orienter vers l’externalisation des torts : quand les résultats sont mauvais, la responsabilité glisse rapidement vers les joueurs et surtout vers les plus jeunes. Or, affirmer publiquement qu’un joueur « n’apporte aucune qualité » ou qu’il est « fait pour les U20 » peut être dévastateur. Dans d’autres sélections, ces jeunes seraient justement mis en confiance, intégrés progressivement, valorisés même dans la difficulté. Ici, ils deviennent des boucs émissaires.
Des propos qui révèlent un malaise profond
Le fait que Rohr souligne que « le retour de Steve Mounié sera indispensable » après avoir critiqué Akimey n’est pas anodin. On y lit presque une justification anticipée : sans Mounié, le Bénin ne peut pas être dangereux offensivement. Une manière détournée de dédouaner sa propre animation offensive, pourtant en panne depuis plusieurs mois. La répétition de ces sorties traduit un malaise : soit une difficulté à gérer la pression, soit une incapacité à assumer pleinement ses choix, soit une fracture de plus en plus profonde avec une partie du vestiaire. Dans tous les cas, la situation n’est pas saine.
Un leadership en question
La gestion humaine est aujourd’hui le point faible le plus visible de Gernot Rohr au Bénin. Si certains ont salué son calme ou son expérience, ses propos dévoilent une autre facette : un entraîneur qui communique contre ses joueurs plutôt qu’avec eux. Et dans un football moderne où la psychologie, la cohésion et la motivation comptent autant que la tactique, cette attitude pose une question essentielle : Rohr est-il encore l’homme capable d’accompagner la nouvelle génération béninoise ? À force de multiplier les déclarations maladroites, le sélectionneur risque non seulement de perdre son vestiaire mais aussi la confiance d’un public qui, lui, n’accepte plus que ses jeunes talents soient ainsi exposés au pilori.
La Rédaction






