
L’instant, solennel, avait la densité des grands moments. Ce n’est pas tous les jours que le Mouvement olympique, fort de ses 130 ans d’histoire, se choisit un nouveau visage. À Lausanne, c’est avec une dignité olympienne que le champion d’escrime de Montréal 1976 a tiré sa révérence, laissant derrière lui une décennie marquée par la réforme, l’universalité et la résilience face aux turbulences mondiales.
Car Thomas Bach n’aura pas seulement présidé. Il aura navigué. Dans
un monde fragmenté, il a su réaffirmer le rôle du CIO comme acteur de paix, de dialogue et de solidarité. Sa présidence, exigeante et visionnaire, aura posé les bases d’un olympisme renouvelé, fidèle à ses valeurs tout en sachant écouter son époque.Et voici que s’ouvre une ère nouvelle. En élisant Kirsty Coventry à sa tête, le CIO franchit une double frontière. Celle du genre et celle du continent. Nageuse aux sept médailles olympiques, ancienne ministre des Sports du Zimbabwe, Kirsty Coventry incarne une modernité enracinée. Sa trajectoire n’est pas celle d’un coup d’éclat, mais d’un engagement profond pour la jeunesse, pour l’inclusion, pour la transformation du sport comme outil social.
Ce choix n’est pas un symbole. Il est un acte. L’Olympisme parle désormais avec une voix venue du Sud, celle d’une femme forgée par les bassins et les luttes politiques. Coventry n’hérite pas d’une institution figée. Elle en reçoit la charge comme on reçoit un serment : celui de porter plus loin l’idéal de Coubertin, à l’heure où les défis climatiques, sociaux et géopolitiques redéfinissent les contours du sport international. En somme, l’histoire du CIO s’écrit désormais au féminin et à l’africaine. Et cela n’a rien d’anecdotique.